Cédric Hananel a créé Arctik, entreprise de conseil en communication spécialisée en développement durable et en affaires européennes. www.arctik.eu. Ce trentenaire, français d’origine et Bruxellois d’adoption, travaille principalement  avec la Commission européenne. Il nous raconte son parcours.

Quelle est ta formation?

Lors de mes études en sociologie à Louvain-la-Neuve, je me suis spécialisé en théorie du développement durable (sociologie de l’environnement, développement…). Ensuite j’ai fait un master dans ce domaine à Boston, à Brandeis University dans la Heller School for Social Policy and Management. Les cours portaient non seulement sur la théorie, mais aussi sur des cas pratiques avec toute une partie sur l’évaluation des politiques environnementales qui m’a beaucoup aidé.  J’ai eu également l’occasion de suivre des cours au MIT qui m’ont permis de comprendre les grands enjeux énergétiques et économiques.

Ensuite, tu as eu une première expérience de terrain en Colombie, sur une petite île. Qu’y as-tu appris?

San Andrès, dans les Caraïbes, présente un écosystème relativement similaire à celui de notre planète, mais à échelle miniature : il faut prendre en compte une communauté d’habitants, sa culture et ses difficultés sociales, un environnement qui se dégrade,  des ressources en énergie très limitées et la nécessité pour les entreprises de se développer. J’ai conseillé le gouvernement local pour ses choix énergétiques et réalisé une étude sur les infrastructures sociales (écoles, hôpitaux). C’était une excellente expérience parce que ça m’a confronté à la réalité politique, à la problématique des ressources, aux capacités des gens et à leurs résistances.

J’utilise depuis ces enseignements, que ce soit avec mes clients ou mon équipe, car à Bruxelles les différences culturelles sont d’une richesse inouïe. Arctik propose des services résolument tournés vers l’engagement des parties prenantes – ‘stakeholders’ engagement’, la compréhension des politiques, des enjeux économiques et la mise en relation des personnes clefs pour aider à la construction d’une Europe durable.

De retour en Europe, où as-tu commencé ta carrière?

J’ai d’abord été engagé dans un institut privé spécialisé sur les questions environnementales et les projets européens. J’ai travaillé en particulier sur les problématiques liées aux transports maritimes et aux ports entre la Belgique, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Ensuite, j’ai été débauché par une agence de communication, Pracsis, qui organise des campagnes de communication pour la Commission européenne. Il cherchait un profil atypique : expert environnemental et communicant. J’étais chargé d’un contrat avec la Direction générale chargée de l’Environnement pour promouvoir le programme ETAP (devenu depuis EcoAP – Eco-Innovation Action Plan), qui soutient les politiques et initiatives pour l’éco-innovation. Son objectif était de s’attaquer aux obstacles financiers, économiques et institutionnels entravant la croissance de ces technologies, ainsi que d’encourager leur adoption par le marché (EcoAP, 2012). Dans ce cadre, j’organisais des forums techniques et politiques avec des industriels, des représentants politiques, des chercheurs et des associations ; j’étais coordinateur du site internet européen consacré à ce programme, et des relations publiques.

Qu’est-ce qui t’as décidé à créer ton entreprise ?

Ce qui m’a toujours intéressé dans le travail en entreprise, c’était le fait que les choses « roulent » mieux, j’aime l’envers du décor, la stratégie… Mon rôle, je le vois comme un créateur de liens, un animateur, un décideur. Je me suis aussi lancé dans cette aventure parce que j’aime être indépendant – je viens d’ailleurs d’une famille d’entrepreneurs, qui m’ont donnés le goût de l’aventure !

Cette entreprise, créée en 2011, tu l’as baptisé « Arctik ». Quel est le symbole derrière ce nom ?

Il s’agit d’une région d’avenir, au cœur des flux et d’intérêts économiques puissants et d’enjeux environnementaux décisifs. Pour la plupart, l’Arctique est un lieu encore un peu mystérieux, qui possède de multiples facettes, que ce soit des ressources marines, du pétrole, gaz et autres minerais, une faune et flore unique, sans parler des populations locales dont on oublie souvent le rôle. Un peu comme San Andrès, les questions relatives au développement durable – sociales, économiques, écologiques – y sont exacerbées. Et puis ça me rappelait un peu mes origines notamment russes et norvégiennes !

Cette jeune société est spécialisée dans l’environnement au sens large, et tu travailles encore beaucoup sur l’éco-innovation. Pourquoi un tel choix ?

C’était dans la lignée de ce que j’avais fait auparavant, les études, mes premiers jobs et responsabilités. Peu de gens le savent, mais les éco-innovations représentent une part non négligeable de notre économie. Elles font vivre environ 3,4 millions de personnes en Europe, génèrent 227 milliards d’euros de chiffre d’affaires chaque année, soit 2,2% du PIB européen.

Plus largement, j’y ai vu une réelle opportunité d’apporter ma pierre à l’édifice. Pour moi qui suis un européen convaincu, j’ai le sentiment que je peux aider les pouvoirs publics à mieux faire comprendre leurs projets environnementaux au public, aux entreprises et aux institutions : communiquer sur l’efficacité énergétique, les enjeux sur l’eau, les problématiques liées à l’air,…

Tu es un peu idéaliste…

Oui, idéaliste avec les pieds sur terre ! Je sais aussi qu’avec un peu d’intelligence on peut concilier la recherche de prospérité économique avec la nécessité de préserver notre planète. C’est pour moi le principe même de l’éco-innovation : trouver de nouvelles sources de profit pour les entreprises qui ne nuisent pas à l’environnement.

Comments

comments