Capital Terre
Vous faites peut-être partis des Français qui ont regardés l’émission Capital Terre sur M6 ce dimanche 29 avril présenté par Thomas Sotto. Et bien nous sur ledevdurable.com, nous étions tous devant notre écran et nous avons été très satisfait de ce nouveau numéro consacré au logement. Bien entendu, nous n’avons pu nous retenir d’écrire dessus. Pour la première fois, nous vous proposons donc une formule un peu particulière sous la forme d’un enchainement de plusieurs articles autour du même sujet : le logement.
Comme vous le savez nous avons dernièrement passé la barre des 7 milliards d’habitants sur Terre. Comme vous le savez peut-être, la population ne cesse d’augmenter de façon exponentielle et avec cela, notre impact sur la faune et la flore. C’est donc dans un avenir proche que nous atteindrons les 10 milliards. Mais qu’en sera-il alors de l‘état de dégradation de la Terre ? Cette petite vidéo m’a été présentée lors de mon master que j’ai en partie effectué au Quebec et m’a vraiment marquée. Je la partage donc avec vous aujourd’hui.World population growth
Le rythme d’accroissement de la population est effréné et se loger fait partie de nos besoins primaires au même titre que se vêtir et se nourrir.
L’émergence d’un nouvel or jaune : le sable
Comme moi vous allez peut être avoir une illumination sur la suite de l’article car j’étais loin de m’imaginer, dans mon petit quotidien tranquille, que notre besoin de logement est des plus impactant et ce par la méthode même de construction. En effet, la base de tout édifice de nos jours est le béton qui a comme ressource naturelle de base : le sable. Ce sable a mis des siècles voire des millions d’années à se former puisqu’il est issu de la lente dégradation des roches sous l’érosion de l’eau. Face à cela, nous construisons à un rythme de plus en plus rapide des logements constitués en majorité de béton. Quelles conséquences cela peut-il avoir sur notre environnement proche et sur notre mode de vie ?
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Zoom sur l’île de Noirmoutier
En France, sur l’île de Noirmoutier, les habitants ont vu arriver depuis 5 ans d’immenses bateaux qui ne viennent que pour ponctionner des tonnes de sable au large. Ces bateaux sont pour la plupart des sous-traitants des groupes industriels qui produisent du béton. C’est peut-être d’ailleurs une des raisons pour lesquelles ces mêmes groupes ont mis en place des politiques de développement durable.
Les pouvoirs publics, par mesure de précaution, se sont lancés dans une observation sur l’érosion de leur plage. Celle-ci vient de phénomènes multiples et conjugués ensembles. Tout d’abord, l’érosion naturelle due aux mouvements de l’eau pendant les marées et ensuite, son amplification par le réchauffement climatique. Mais les scientifiques ont constaté par des relevés saison par saison que conjointement à l’arrivée des premiers bateaux au large, le niveau de la plage diminue de 20 centimètres par an. Nous ne savons pas quelles sont les conséquences à 20 ans de cette érosion mais il est sûr que l’exploitation du sable au large de nos côtes a fait augmenter celle-ci d’environ 50% en seulement 5 ans.
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L’exploitation du sable dans le monde
Si nous ne savons pas les conséquences à 20 ans de l’augmentation en besoin du sable, il est sûr que cette exploitation se fait de plus en plus rapidement et sans limite de moyens par les producteurs de béton. Aucun endroit de la planète n’est épargné pas même les trop rares coins paradisiaques qui abritent des vestiges de faunes et de flores. Le plus simple dans l’exploitation est toujours d’en prendre sur les bords. C’est ce qui arrive par exemple au Mali ou encore au Sénégal. Mais quand cela n’est plus possible, il s’agit alors de l’aspirer du fond des mers où les profondeurs sont faibles.
Pour ce rendre compte de tout cela, il suffit de se rendre à Singapour, petite île du Sud Est Asiatique. Cette île subit l’une des pressions les plus forte en matière de population et cède donc à l’étalement urbain comme partout sur notre globe. Pour réduire cette pression, c’est simple, l’île augmente artificiellement sa superficie par des apports de sable. Les scientifiques estiment d’ailleurs que d’ici 2030, l’île aura doublé sa superficie. Mais pour subvenir à ces énormes besoins, l’importation de cette matière première est devenue plus que nécessaire. Les industriels n’ont pas eu besoin d’aller bien loin et ont jeté leur dévolu sur le Cambodge. Dans ce pays, la législation n’est pas encore aboutie sur ces questions de développement durable, d’où la nécessité des aides qui sont fournies aux signataires de Kyoto les moins avancés dans leur développement sur cette thématique.
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Cambodge : une économie menacée par la destruction de son écosystème
Au Cambodge, avant l’arrivée des bateaux dragueurs de sable, la pêche rapportait 20 euros par jour et parfois même jusqu à 100 euros, une somme importante par rapport au niveau de vie des habitants. Aujourd’hui, elle ne leur rapporte plus que 2 euros par jour ! Le phénomène s’explique très facilement en 2 années, les bateaux ont décimées l’habitat des poissons. Les berges s’effondrent à force de dragage et les poissons ne peuvent plus pondre leurs oeufs puisque leur zone de ponte est totalement détruite. Le cycle naturel des mangroves est totalement perturbé, les zones de corail et les prairies marines aussi. Pour vous donner une idée de l’importance des mangroves, cette même destruction aux Etats-Unis a participé aux conséquences dévastatrices de Katrina sur la Louisiane. Pour revenir au Cambodge, en amont de l’estuaire, les quantités de sables ponctionnées sur la nature sont désastreuses, de l’ordre de 500 tonnes par barge. Et ces dernières se comptent par dizaines. Voila comment un cercle vicieux s’installe et dégrade le cycle de vie. Malgré une loi passée pour interdire la revente de sable à l’étranger, dans le pays le plus corrompu du monde, Ly Yong Phat (nom du dirigeant de lentreprise du même nom qui exploite le sable et le revend à Singapour) a de beaux jours devant lui !
Le plus ironique est que le sable est destiné à Singapour qui se veut la cité la plus écolo du monde ! Malheureusement le gouvernement ferme les yeux..
Il faut donc comprendre et bien visionner ce qu’il se passera quand nous auront coupé l’herbe sous nos pieds ! Il est nécessaire de s’activer à trouver des solutions de constructions durables !
Et vous qu’en pensez vous ? Nous attendons vos réactions et espérons que tout cela ne vous laisse pas indifférents car après tout c’est arrivé près de chez nous..
Merci aux équipes Capital Terre de M6 et à Thomas Sotto pour nous avoir largement inspiré cet article !
Jerome Hoarau
Je pense que nous avons tous été surpris par ce trafic de sable. Qui l’aurait pensé ? Merci à Capital Terre, qui nous montre encore une fois les impacts systémiques de notre mode de vie. Finalement, nous devrions nous remettre plus souvent en question en se posant le « pourquoi » de ce que l’on fait ! En s’accrochant à notre mode de vie sans le remettre en question, on ne fait toujours pas d’évolution majeure ou concrète.